La compagnie aérienne Tunisair, des années 60 à aujourd'hui
Les années 60
Les aménagements successifs de l'aéroport de Tunis-Carthage vont de pair avec le développement de Tunisair qui ouvre en 1965 ses premiers bureaux à l'étranger. Tour à tour, ce seront Paris, Genève, Francfort et Rome qui accueilleront les comptoirs de Tunisair. L'idée directrice de la direction est, dans cette oasis de paix, baignée de soleil et chargée d'histoire que constitue la Tunisie, de faire de Tunisair l'étendard national qui servira de véhicule à l'industrie touristique pourvoyeuse de devises. Cette industrie représente actuellement plus de 6,7 millions de visiteurs, 60% venant d'Europe. De surcroît, si l'on fait abstraction du tourisme, l'économie tunisienne ne repose que sur l'agriculture, les mines de phosphates et l'industrie manufacturière.
Si l'apport de la France est stable pour des raisons historiques et démographiques, Tunisair enregistre une baisse de la fréquentation de ses lignes en provenance des pays européens « touristiquement développés » comme la Grande Bretagne, l'Allemagne ou l'Italie mais, en revanche, attire une nouvelle clientèle en provenance d'États issus de l'ancien bloc communiste comme la Russie, la République Tchèque ou la Pologne. Dès le début des années 1960, le gouvernement tunisien avait su donner la priorité à l'essor du tourisme national en conduisant Tunisair à se rapprocher de l'Office national du tourisme et du thermalisme. Des accords entre les parties avaient été scellés en ce sens et une activité « charter » avait été mise en ouvre, représentant bientôt 25% du trafic de la compagnie.
A partir des années 70
À partir de la décennie 1970, Tunisair oriente sa politique d'achat d'appareils vers Boeing à mesure que les Caravelle de Sud-Aviation sont retirées de la flotte. Le premier Boeing 727-200 apparaît sous les couleurs de Tunisair en 1971. Le Boeing 727 - successeur du 707 chez le constructeur de Chicago dont les usines sont installées au Kansas et dans l'État de Washington - est alors l'avion de ligne le plus populaire et le plus vendu dans le monde. Silencieux, capable de se poser en altitude, pouvant véhiculer de 140 à 180 passagers, il est particulièrement adapté au marché touristique, d'autant que ses besoins en termes de longueur de piste d'atterrissage (1500 m) sont moindres que ses concurrents et que de la sorte il peut accéder aux aéroports proches des villes, souvent dotés de pistes plus courtes. Au total, Tunisair est livrée à terme de 10 Boeing 727. Au cours de cette décennie, Tunisair fête son millionième passager transporté dans l'année, chiffre à rapprocher des quelques milliers des années 1950.
Après le 727 vient le Boeing 737 dont la première livraison est effectuée le 29 octobre 1979. Ce biréacteur (les réacteurs sont disposés sous les ailes) se veut, lui aussi, à vocation de court et moyen-courrier. Toutefois, son rayon d'action est augmenté par rapport à son prédécesseur. Comme la plupart des compagnies internationales, la flotte de Tunisair se diversifie entre Boeing et Airbus et la gamme de Boeing 737 est complétée par l'Airbus A 300 au début des années 1980. Ce dernier avion biréacteur se caractérise par un gros fuselage, synonyme d'espace interne accru, qui sera copié par son concurrent américain dans ses modèles ultérieurs. Tunisair entretient la concurrence entre les deux constructeurs et poursuit sa politique de diversification en acquérant deux Airbus A 320 et un Boeing 737-500 dès les années 1990. Cette nouvelle génération d'appareils de transport moyen-courrier de passagers mise sur une consommation de kérosène diminuée et répond, ainsi, aux impératifs d'économie de carburant imposés par l'instabilité des cours du pétrole.
Les dernières années du XXème siècle voient Tunisair étendre ses activités à l'ensemble de l'Europe. De 1993 à 1998, sont inaugurées des lignes régulières joignant Tunis à Prague, Bratislava, Varsovie, Linz, Salzbourg, Moscou et Stockholm. De même, l'année 1998 est marquée par le cinquantième anniversaire de Tunisair et l'amorce du retrait des Boeing 727 encore en service. Par ailleurs, le gouvernement ouvre le capital de la compagnie aux capitaux privés à hauteur de 20% du total et commence une diversification des activités en introduisant des filiales spécialisées dans la restauration aérienne (Tunisie Catering), dans l'assistance au sol (Tunisair Handling) et la maintenance (Tunisair Technics). La compagnie allemande Lufthansa prend part à l'organisation de ces filiales.
Sous l'impulsion de son Président-Directeur Général Nabil Chettaoui, Tunisair montre, en ce début de XXIème siècle, des ambitions accrues. À partir de son « hub » (nom désignant l'aéroport plaque tournante d'une compagnie aérienne) de Tunis-Carthage, Tunisair entend désormais élargir son champ d'action au-delà du « point à point », qui était jusqu'à présent la marque de sa stratégie, et servir de relais aux voyageurs intercontinentaux pour les correspondances à destination des principales capitales du monde arabe du Maghreb au Golfe Persique, ainsi qu'à l'Afrique noire. Cet élargissement des activités suppose un rajeunissement de la flotte de la compagnie et l'acquisition d'appareils long-courriers qui permettront d'ajouter la Chine, les États-Unis et le Canada au nombre de ses destinations. La direction de Tunisair s'est engagée à ne plus utiliser d'appareils dépassant 20 ans d'âge, ce qui suppose un réel effort dans le domaine des réformes.
Evolution du réseau
L'IATA (Association Internationale du Transport Aérien), qui régit le trafic mondial civil par voie aérienne et distribue les codes à deux lettres d'identification des compagnies (et de trois lettres aux aéroports), a attribué à Tunisair le sigle « TU » qui figure sur tous les documents relatifs à ses activités. Elle a également reçu en avril 2007 la certification ISO 9001. Cette organisation internationale de certification a pour objet de fixer des normes relatives au management, à la qualité, aux exigences et à l'amélioration des performances des compagnies aériennes. Bénéficier d'un tel label revient, pour Tunisair, à garantir à la clientèle des prestations d'un niveau international contrôlées par la communauté du transport aérien.
Aujourd'hui, Tunisair couvre un réseau essentiellement tourné vers le Moyen Orient avec Amman, Djeddah, Koweït, Beyrouth, Manama (Bahreïn) et Damas ; l'Afrique avec Abidjan (Côte d'Ivoire), Alger, Bamako (Mali), Tripoli et Benghazi (Libye), Casablanca, Dakar (Sénégal), Le Caire, Oran, Nouakchott (Mauritanie) ; l'Europe avec 30 destinations, principalement en France (Paris, Nice, Nantes, Marseille, Lyon, Strasbourg et Toulouse), en Allemagne (Berlin, Düsseldorf, Francfort, Münich et Hambourg), en Suisse (Genève et Zürich) mais aussi Amsterdam, Madrid et Barcelone, Athènes, Bruxelles, Rome et Milan, Vienne et autres capitales. Si la compagnie possède une flotte de 30 appareils, d'une moyenne d'âge de 11 ans - ce qui la situe dans la moyenne haute des compagnies internationales -, elle a passé une commande ferme à la firme française de 16 Airbus de divers modèles et pris une option sur 3 autres. Ces avions seront livrés au cours de l'année 2010, à commencer par les Airbus A 320.
En 2008, Tunisair a somptueusement fêté ses 60 ans. La direction a invité à Tunis tous ses partenaires privilégiés à travers le monde et a remis à chacun, au cours d'une cérémonie, la « Gazelle d'Or », récompense qui symbolise le logo de la compagnie et qui apparaît sur chaque avion (bien qu'ayant été modifiée et stylisée au fil du temps) depuis son origine. À cette occasion, il a été confirmé que Tunisair était entré dans le capital de la compagnie Mauritania Airways à concurrence de 51%.
Tunisair aujourd'hui
La compagnie représente aujourd'hui, un groupe de 9 entreprises autour de la maison mère employant plus de 3000 salariés. Elle a grandement contribué - comme l'avait souhaité le gouvernement dès sa fondation -, au rayonnement de la Tunisie dans le monde grâce à la qualité de ses services et promu le tourisme - secteur essentiel de l'économie nationale - dans un État possédant d'importantes ressources en la matière (plages, lieux de culture, gastronomie, monuments, hôtellerie, climat).
Tunisair peut aussi revendiquer d'être une des rares compagnies aussi anciennes à n'avoir jamais connu d'accident majeur entraînant des décès. Une seule fois, le 20 août 2005, le vol parti de Genève à destination de Djerba a été victime d'un incident grave. Alors que l'appareil volait à 10000 mètres d'altitude, une dépressurisation de la cabine actionna automatiquement la mise à disposition des masques à oxygène et s'ensuivit une descente en urgence du Boeing 737-600. Parvenu à 3000 mètres, altitude ou l'air extérieur redevient respirable, l'avion se stabilisa et put atterrir à Tunis. Les passagers en furent quittes pour la peur et ils purent reprendre leur périple vers Djerba une fois les masques replacés dans leurs habitacles et la panne circonscrite.