La compagnie aérienne Alitalia de nos jours

Alitalia

La crise des années 2000

Les années 2003 à 2007 sont marquées par le retour à une gestion drastique sous l'autorité de Giancarlo Cimoli, patron qui vient des chemins de fer, imposé par le gouvernement italien. Le poste du budget à réduire en priorité est celui des frais de personnel. 5000 licenciements sont envisagés, la compagnie Alitalia va se scinder en deux entités distinctes Alitalia Fly, dont l'objet est l'activité de transport stricto sensu, et Alitalia Service, spécialisée dans les activités au sol. Une fois la scission effectuée, et après négociations avec les syndicats, les suppressions d'emplois toucheront le quart des effectifs d'Alitalia, soit 1570 suppressions pour Alitalia Fly (dont 450 pilotes et plus de 1000 navigants commerciaux) et 3430 concernant Alitalia Service. Ce plan s'accompagne d'une augmentation de capital ouvrant la voie à une privatisation. Le ministre de l'Économie charge Berardino Libonati de mener à bien celle-ci, une fois le mandat de Cimoli achevé, soit en février 2007. Ce juriste reconnu, spécialiste du droit des sociétés, est par ailleurs, banquier et professeur de droit commercial à l'Université de Rome. Les candidats à la privatisation sont informés que l'État qui détient le capital via le Trésor retiendra la candidature de celui qui présentera le meilleur plan de sauvegarde de l'entreprise Alitalia et non nécessairement le plus offrant.

La situation financière d'Alitalia, qui a perdu plus de 3 milliards d'euros en 10 ans, est préoccupante quand la compagnie Aeroflot manifeste son intention de devenir co-propriétaire d'Alitalia en partenariat avec Unicredit, groupe bancaire romain de première grandeur européenne.Au final, Aeroflot se retire, le 27 juin, du rachat d'Alitalia au motif de l'opacité des comptes présentés par la compagnie. Le processus de privatisation est arrêté, aucun autre repreneur potentiel n'ayant été sélectionné. Il faut attendre la toute fin de l'année 2007 pour que le groupe Air France-KLM se manifeste. Cependant, l'Italie est en campagne électorale législative et la privatisation d'Alitalia constitue un enjeu du débat politique. Une fois la situation décantée et la victoire de Silvio Berlusconi et de ses alliés de La Ligue du Nord (forts partisans du hub milanais) obtenue, la privatisation est relancée. Il est prévu qu'Alitalia sera restructurée, sous le nom de Compagnie Aérienne Italienne (CAI), et que la nouvelle compagnie verra ses effectifs passer de 19000 actuels à 12500 (1550 pilotes, 3300 hôtesses et stewards, 7650 techniciens).La réaction négative des syndicats est immédiate entraînant le retrait de la proposition de la CAI. Le contre-projet soumis par les syndicats est rejeté par la CAI. Alitalia se dirige vers l'état de faillite.

Nouvelle péripétie, le premier ministre Silvio Berlusconi pencherait pour un rapprochement avec la germanique Lufthansa mais reconnaît que le choix de partenariat définitif revient à la CAI. Augusto Fantozzi, le « commissaire extraordinaire » nommé par le gouvernement italien pour gérer la crise, finit par accepter les propositions de la CAI qui reprendrait toutes les activités d'Alitalia et d'Alitalia Service, Alitalia Airport, Alitalia Express et le groupe Volare (compagnie en faillite dont les appareils ont été repris par Alitalia). Le contrat prendra effet en janvier 2009.

C'est alors que Air France-KLM réapparaît en se portant acquéreur de 25% de la nouvelle société CAI. Ce pourcentage ferait du groupe franco-néerlandais le premier actionnaire de la CAI. Entre temps, la CAI a acheté la compagnie locale Air One à son fondateur Carlo Toto, industriel à la tête d'un groupe de construction générale qui porte son nom. Toto s'implique dans la nouvelle société et fournira en leasing 81 airbus (dont 24 long-courriers), de plus, il investira dans le capital de la CAI à hauteur de 5%. Le tour de table terminé le 12 janvier 2009, Alitalia CAI se retrouve à la tête d'un parc de 150 appareils (incluant ceux d'Air One et de Volare) composé de Boeing, d'Airbus, de Bombardier CRJ et d'Embraser 170, permettant d'assurer les court comme les long-courriers.

Réseau d'Alitalia et confort à bord

Le réseau de la compagnie comprend des vols domestiques à destination de 24 aéroports italiens, des liaisons régulières avec Beyrouth, Casablanca, Malte, Le Caire, Salonique, Istanbul, Tel Aviv sur le pourtour méditerranéen, les principales métropoles de l'ancienne Europe de l'Est (dont Moscou, Saint Petersbourg et Budapest), et 12 destinations intercontinentales de Boston à Lagos (Nigeria) et de Buenos Aires à Tokyo. La compagnie nouvelle a transporté plus de 21 millions de passagers en 2009 renouant avec les chiffres du début des années 2000, après la chaotique période intermédiaire. Tous les vols d'Alitalia comportent une classe « Economy », une classe « Business » sur les lignes internationales de court ou moyen-courrier.

Quant aux vols transcontinentaux, ils bénéficient d'une classe dite « Magnifica » qui se veut intermédiaire entre la classe business standard et la première classe. Cette classe spécifique entend faire le pendant de la classe « Business » développée par Air France et Lufthansa. Les collations proposées à bord sont censées représenter l'art de vivre italien. Une boisson est proposée avant le décollage, puis les mets sont servis dans des assiettes de porcelaine, accompagnés de véritables verres dans lesquels les meilleurs crus d'Italie sont proposés. 2 ou 3 entrées, 2 plats principaux avec légumes variés au choix, un plateau de fromage, une pâtisserie et des fruits frais composent le menu. Des snacks ou des petits déjeuners de qualité ponctuent l'agrément du vol. Les sièges sont positionnés en configuration 2+2+2, alors que la plupart des compagnies concurrentes proposent des rangées de 2+3+2, ils s'inclinent à 170 degrés et disposent d'un écran de télévision individuel permettant de visionner des films, suivre une émission ou s'adonner à des jeux vidéo. Afin de fidéliser la clientèle, Alitalia a installé un programme dit « MilleMiglia » qui crédite les voyageurs réguliers d'un certain nombre de « miles » proportionnels à leur consommation. Ce programme tient compte du partenariat d'Alitalia avec l'alliance Sky Team et les miles acquis avec une compagnie du groupement peuvent être reportés sur une autre. Pour l'attribution de cet avantage, un critère supplémentaire est retenu : le prix d'achat du billet. En effet, la déréglementation du trafic aérien et la concurrence à certaines périodes de l'année sur les lignes conduisent à des tarifs variés sur une même distance. Plus le passager aura payé son billet cher, plus il se verra accorder de points transformables en miles gratuits.

La nouvelle compagnie Alitalia CAI en fonction depuis environ un an, n'a pas connu d'accident grave sur son réseau et les incidents secondaires (malaise d'un pilote ou d'un passager, alerte pour panne d'un moteur, problème de pressurisation en cabine, etc.) s'ils ont pu conduire à des atterrissages imprévus n'ont pas perturbé outre mesure l'acheminement des voyageurs.

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